Vols au crépuscule

Vols au crépuscule

Vols au crépuscule

Helen Macdonald est autrice, naturaliste, poète, illustratrice et chercheuse au département d’Histoire et Philosophie des Sciences à l’Université de Cambridge. Son livre, ‘Vols au crépuscule’ se présente comme un recueil d’essais entre souvenirs personnels, pensées intimes et descriptions naturalistes de la faune et de la flore.

Des oiseaux migrateurs par dizaines de milliers au dessus des grattes-ciel de Manhattan. Les métropoles ne déroutent pas passereaux et hérons bihoreaux de leur chemins saisonniers. Central Park fait d’ailleurs partie de leurs étapes de repos. 

Helen Macdonald nous raconte avec poésie ses observations dans divers endroits du globe et des souvenirs d’enfance, plus intime.

L’évocation d’une prairie où elle jouait enfant, et déjà observait la nature dans toute sa diversité, est l’occasion de partager une vision de l’écologie où le milieu naturel n’a surtout pas besoin de l’homme pour s’exprimer. Retrouvant des années plus tard cette prairie, tondue comme un parcours de golf, elle fond en larmes. Le tapis vert frôle la perfection mais il n’abrite plus les insectes, les oiseaux qu’elle y avait observés lors de son enfance. Plus qu’une perte nostalgique, il s’agit pour Helen Macdonald de témoigner de la disparition d’espaces de vies. L’homme passe son temps et dépense son énergie à façonner le monde comme il voudrait qu’il soit, ignorant tout de sa richesse intrinsèque. L’homme qui a tondu le pré n’a pas agit par méchanceté, mais par ignorance. Voilà pourquoi il faut témoigner.

Les martinets pèsent quarante grammes et passent la majeure partie du temps en vol. Ce sont des êtres célestes qui vivent en communauté. Ils s’envolent au crépuscule et dorment à des altitudes vertigineuses. Difficile de les observer. Des découvertes récentes ont montré que les martinets montent en nuée, et sont attentifs aux autres membres de la communauté céleste pour prendre les bonnes décisions afin de s’orienter correctement. 

« Il est probable qu’ils opèrent selon ce qu’on appelle la ‘sagesse des foules’, à savoir qu’ils font la moyenne de leurs mesures individuelles pour affiner leur navigation. En groupe, la mise en commun des informations améliore les décisions. »

vols au crepuscule

Vols au Crépuscule d’Helen MACDONALD,
parution en 2021 aux Editions Gallimard.
Traduit de l’anglais par Sarah Gurcel.
Illustration – Owen Davey

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Helen Macdonald raconte des expériences inoubliables qu’elle nous invite à vivre avec la même acuité : contempler une éclipse totale, partir sur les traces d’oiseaux rares, observer les nids.

Une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Le projet fou de Francis Hallé.

L’ambition

Reconstituer une forêt primaire en Europe de l’Ouest, voici le projet de l’Association Francis Hallé.

Qu’est-ce qu’une forêt primaire ?

Une forêt primaire est une forêt qui n’a été ni défrichée, ni exploitée, ni modifiée de façon quelconque par l’homme. C’est un joyau de la nature, un véritable sommet de biodiversité et d’esthétisme. Captation du CO2, régulation du climat, réserve de biodiversité, reconstitution des ressources hydriques… ses bénéfices sont inestimables.

Une forêt primaire est beaucoup plus belle et beaucoup plus riche en formes de vie qu’une forêt secondaire, jardinée, dégradée, appauvrie. En Europe de l’Ouest, ces forêts « gérées » ont progressivement remplacé les forêts primaires.

Pour obtenir une forêt primaire on estime qu’il faut 1000 ans, environ 800 ans à partir d’une forêt secondaire.

En zone tropicale humide – ou équatoriale -, où les arbres poussent toute l’année, il faut 7 siècles pour qu’un terrain défriché se recouvre d’une forêt primaire ; en zone tempérée, les arbres ne poussant que 5 ou 6 mois par an à cause de l’hiver, il faut environ 10 siècles.

1000 ans… Un projet à très long terme donc.

L’ambition est de consacrer 70000 hectares à une forêt, dans laquelle aucune intervention humaine ne viendra troubler l’évolution des espèces, et qui de façon autonome, renouvellera et développera sa faune et sa flore.

Francis Hallé

Né le 15 avril 1938 à Seine-Port (77) France, il fait ses études universitaires à Paris – La Sorbonne. Francis Hallé a deux spécialités scientifiques : l’écologie des forêts tropicales et l’architecture de leurs arbres.

« Toutes mes recherches ont été consacrées aux plantes tropicales, en particulier celles des forêts humides des basses altitudes.

A partir de 1964, je me suis spécialisé dans l’étude de l’architecture des plantes vasculaires ; une première formalisation a été atteinte en 1970 avec le concept de « modèle architectural ».

En 1978, avec l’aide des Professeurs R.A.A. Oldeman (Wageningen, Pays Bas) et P.B. Tomlinson (Harvard, Mass. USA), cette formalisation a été complétée et prolongée par le concept de « réitération ». L’approche expérimentale du déterminisme architectural a été employée (Rubiaceae forestières, Hévéa, Fougères arborescentes).

Actuellement je travaille à une confrontation des données architecturales avec les systématiques issues de la phylogénèse moléculaire ; d’intéressantes convergences apparaissent entre les deux approches. »

Présentation du projet par Philippe Torreton

Forêt tropicale et forêt tempérée, par Francis Hallé

Forêt primaire de Bialowieza : une pépite à surveiller de près

La dernière forêt primaire d’Europe est en Pologne, à Bialowieza. Mais pour combien de temps encore ?

« La forêt de Białowieża est l’une des forêts naturelles les mieux conservées d’Europe, se caractérisant par de grandes quantités de bois mort et de vieux arbres, notamment centenaires », rappelle la juridiction européenne.

Par une décision du 20 novembre 2017, la Cour de justice de l’Union européenne enjoint Varsovie de cesser immédiatement les atteintes à cette forêt. En effet, le ministre polonais de l’Environnement avait engagé des « opérations de gestion forestière active », à coup de bulldozers et de tronçonneuses géantes. Sous la menace d’une astreinte d’au moins 100.000 euros par jour, le gouvernement polonais a annoncé le retrait des engins forestiers.

A la recherche de la particule perdue…

A la recherche de la particule perdue…

A la recherche de la particule perdue…

Proust, Einstein et particules élémentaires…

Où comment la science rejoint la littérature.

Marcel Proust fut passionné par la théorie de la relativité d’Einstein, et comme les titres en attestent, toute son œuvre est liée à la perception du Temps.

Extrait de « Si Einstein m’était conté » de Thibault Damour.

Certains lecteurs de Proust, trompés par le titre général de son œuvre maîtresse, A le recherche du temps perdu, pensent que le concept proustien de temps est celui d’un temps qui passe inexorablement, et dont l’homme ne peut que regretter la fuite irréversible. Mais en réalité cette œuvre est sous-tendue par l’idée que le passage du Temps n’est qu’illusion, et que, de temps en temps, l’être humain peut avoir accès à « l’essence permanente et habituellement cachée des choses » et sentir que son vrai moi est « affranchi de l’ordre du temps ».

Toute le Recherche du temps perdu est dirigée vers son dernier volet Le Temps retrouvé, où Proust dévoile sa philosophie du Temps à l’occasion d’une matinée dans l’hôtel du prince de Guermantes. Il y décrit les hommes, juchés sur les années, comme s’ils « étaient juchés sur de vivantes échasses grandissant sans cesse, parfois plus hautes que des clochers ». Autrement dit, Proust a la vision d’une réalité où le Temps s’ajoute à l’Espace, comme une espèce de dimension verticale, symbolisée dans la première partie de la phrase, citée ci-dessus par l’image des échasses.

 Si Einstein m’était conté » de Thibault Damour (Editions Le cherche midi 2005-2012) 

Le boson de Higgs

Cousin de Henri Bergson, Marcel Proust se passionne pour cette nouvelle vision scientifique du concept de Temps, sans réellement comprendre la théorie de la relativité comme il le dit lui-même dans une lettre à son ami le physicien Armand de Guiche. Proust traite de la notion du Temps du point de vue philosophique et littéraire tout en intégrant cette nouvelle conception de la physique.

Mais comment les physiciens progressent-ils dans leurs découvertes en s’accommodant des contradictions inhérentes aux différentes théories ?

Etienne Klein nous éclaire sur le sujet dans cette conférence sur la structure fondamentale de la matière et la découverte du boson de Higgs. Un bel exemple de pédagogie.

Les avancées scientifiques résultent du constat préalable d’un décalage entre de nouvelles observations et les lois de la physique. C’est à dire que nous observons de nouveaux phénomènes qui ne collent pas avec les lois actuelles de la physique. Dans ce cas, nous dit Etienne Klein, il y’a deux chemins possibles : la solution ontologie ou la solution législative.

Anagramme :
Le boson scalaire de Higgs / L’horloge des anges ici bas.

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Sur le territoire du loup blanc…

Sur le territoire du loup blanc…

En arctique…

Vincent Munier est un photographe animalier spécialisé dans les conditions hivernales extrêmes. Cet amoureux de la nature sauvage, sans les empreintes de l’homme, nous offre un regard singulier car de son point de vue, ce sont les animaux qui nous regardent et nous disent quelque chose, une source inépuisable d’érmerveillement.

Il a dernièrement accompagné, à moins que ce soit l’inverse, Sylvain Tesson, dans l’expédition à la recherche de la panthère des neiges.

Portrait

Le photographe aventurier, Vincent Munier, nous présente ses plus belles images de l’Arctique, réalisées au cours des six dernières années lors d’expéditions hivernales, souvent en solitaire et sans assistance.

Pour nous offrir ces photographies, il a parcouru des centaines de kilomètres en tirant son traîneau dans des conditions extrêmes, sur le territoire du loup blanc : le « fantôme de la toundra », comme le surnomment les Inuit.

De la Scandinavie aux îles les plus septentrionales du Nunavut (Canada), nous sommes invités à découvrir un monde animal fascinant de beauté, où l’on croise ours et renards polaires, caribous, boeufs musqués et harfangs des neiges… Jusqu’à cette rencontre inoubliable, où une meute de neuf loups a encerclé le photographe !

Dans ce magnifique reportage, je crois que le moment le plus dingue est celui où Vincent Munier rencontre enfin les loups blancs du Canada, au moment où il s’apprête à se coucher. En chausson, depuis sa tente, il fait le dernier tour d’horizon : tous les soirs, pour des raisons de sécurité, il jette un regard circulaire pour voir si un danger (un ours notamment) rôde autour de son campement. Il ne voit pas d’ours mais, dansant à l’horizon, des points dorés dans la lumière du soleil couchant.

Un livre magnifique

Des images uniques, dont l’apparente douceur ferait presque oublier la rudesse de ce désert du bout du monde. Baignées d’un blanc envoûtant, elles nous transportent dans un long et mystérieux voyage à travers les immensités du Grand Nord.

Enfin, Vincent Munier partage des extraits de ses carnets d’expéditions dans un livret à part, nous conviant ainsi dans l’aventure arctique…

Loup blanc arctique de Vincent Munier
La grande vague de Kanagawa…

La grande vague de Kanagawa…

Hokusai, le fou de dessin…

On prête au très vieil Hokusai, touchant au terme de son existence terrestre, cette dernière expression poétique : « Oh, la liberté, la belle liberté, quand on va se promener aux champs d’été, en âme seule, dégagée de son corps ! »

Portrait

Cette simplicité de l’homme nu, ce dépouillement de pauvre qui n’a rien d’autre à perdre que son corps, cette métaphysique fruste mais essentielle de l’unique absolu, enfin atteint, est la plus belle preuve de la lumière éblouissante des jours oublié de Edo. En ce temps qui vit naître tant de beautés, la recherche de Hokusai fut sans doute la seule qui visât l’extase. La seule qui fût assez complète pour ne pas se satisfaire de l’approbation des contemporains, et ne trouver de vérité que dans son propre accomplissement.

Katsushika Hokusai est un peintre, dessinateur, et auteur d’écrits populaires japonais, surnommé le « vieux fou de dessin ». Il est né en 1760 à Edo (Tokyo) et y meurt en 1849.

En Europe, son œuvre influença le mouvement artistique appelé japonisme et de nombreux artistes, comme Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley. A partir de 1800, il signa parfois ses œuvres par la formule Gakyōjin, « le Fou de dessin ». En 1814, il publie son Manga regroupant croquis et dessins. Les Trente-six vues du mont Fuji (1831-1833) comptant en réalité 46 estampes et La Grande Vague de Kanagawa (1831) sont ses œuvres les plus connues. Le peintre japonais laisse derrière lui plus de trente mille dessins.

hokusai signature

La Grande Vague

A propos de la Grande Vague de Kanagawa, qu’est-ce qui a bien pu inspirer une telle vision à l’artiste ? L’histoire du Japon est marqué par un mystérieux tsunami en janvier 1700, qui frappa les côtes Est de l’archipel. A cette époque, le Japon est un pays de comptables et de commerçants où tout est consigné par écrit. Or, aucun tremblement de terre, ni aucun typhon n’apparaît dans les archives de l’époque. Tous les habitants furent surpris dans leurs habitudes quotidiennes, ceux qui vivent sur les côtes et notamment les pêcheurs.

Notre rapport à l’histoire est un rapport à des images qui s’impriment dans notre cerveau et que nous continuons de fixer alors que la vérité est ailleurs, loin de tout cela, quelque part encore non découverte, dit l’écrivain Wilfrid Georg Sebald.

Quel est le phénomène à l’origine du mystérieux tsunami de 1700 au Japon ? Je vous invite à le découvrir, dans l’émission de Jean-Claude Amaysen.

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Prends-en de la graine…

Prends-en de la graine…

Biodiversité et infiniment petit…

Exposition photo sur les hauts du tôt…

De l’infiniment petit à l’immense beauté, la terre recèle des trésors. C’est sur cette conviction profonde, que les organisateurs des « Sentiers de la photo » basent leur programmation depuis quatre ans. En 2019, cinq photographes donnaient à voir, en pleine nature, les merveilles de la planète.

biodiversité et infiniment petit - graine

Une déambulation au coeur de la biodiversité

Tout au long d’un sentier de 3 kilomètres, le public découvre en marchant plus de 130 photographies grand format. Chaque parcours photographique raconte une histoire de biodiversité. Comme les papillons du Marnais Stéphane Hette qui viennent voler en forêt vosgienne. 

Des papillons encore mais cette fois-ci « capturés » en plein vol par Ghislain Simard. Depuis 2018, son projet Flying Flowers prend forme à mesure que la photothèque se remplit, complétée par la réalisation d’un documentaire sur le vol des papillons.

Autre petites bêtes en danger dans nos campagnes, les abeilles. Les photos de Bernard Bertrand nous invitent à changer notre regard sur la donneuse de miel et accepter l’évidence que moins l’on s’occupe des abeilles, mieux elles se portent !

Stéphane Tourneret s’intéresse également aux abeilles. C’est en 2004, qu’il commence un travail de fond sur l’apiculture. Sensibilisé à leur disparition, Eric s’immerge dans l’univers fascinant de la ruche. Il parcourt la planète pour suivre les apicultuteurs à l’autre bout du monde.

Glissons-nous maintenant dans l’infiniment petit avec Paul Starosta. Ce photographe naturaliste invite à la contemplation avec des portraits de graines et d’insectes. Son approche scientifique et poétique de la terre est au plus près des sujets du monde végétal, animal ou minéral.

Ici encore, le regard scientifique et poétique s’allient pour nous offrir de la beauté pure. Et pourtant, de ces photos, on observe à quel point la graine relève d’une architecture complexe répondant aux lois mathématiques de la géométrie.

biodiversité et infiniment petit
biodiversité et infiniment petit
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A l’origine de l’expression : prends-en de la graine !

Cette métaphore potagère date du début du XXème siècle. Lorsque la graine est correctement plantée et arrosée, elle produit la fleur, ou le fruit attendu.  Appliquer la bonne méthode permet d’obtenir le résultat souhaité. Le spectateur ou l’apprenti pourra donc imiter celui qui maîtrise l’art du potager… C’est de là que l’expression « en prendre de la graine » a pris le sens « en tirer un enseignement ».