Le charme des contes d’Orient…
Diane Meur nous livre un roman entre le péplum et le mythe philosophique.
Les villes de la plaine ou une civilisation réinventée…
Ordjéneb débarque de ses montagnes dans la cité d’une civilisation antique imaginaire où la vie sociale est dictée par des lois bien établies. Maladroit et ignorant les codes, il se retrouve au service du scribe, Asral, qui à la charge de recopier les lois d’Anouher, les lois ancestrales de la cité de Sir. Entre le scribe, érudit et austère, et Ordjéneb, son garde du corps, une amitié se noue au point que le scribe décèle l’intelligence pratique du montagnard et lui demande conseil. Et le montagnard de s’étonner de certaines formulations des lois de la cité. La travail de copie d’Astral devient une quête de vérité sur le véritable Anouher. Qui était-il vraiment ? D’où venait-il ? Le scribe Astral se rend vite compte que les lois originelles ont été biaisées au profit de ceux qui détiennent le pouvoir. Il doit se méfier. La cité de Sir tient à son équilibre social basé sur ces lois, tandis qu’à l’autre bout de la plaine, la cité rivale est plus libérale, moins hiérarchisée. Fuyant l’une pour l’autre, il découvre dans l’autre cité, une dictature et la disgrâce de son protecteur l’oblige de fuir à nouveau. Grâce aux habitants de Sir qui ont conservé certaines archives troublantes, il découvre aussi le vrai visage d’Anouher…
Ludwig Deutsch, Une recherche littéraire, 1901.
Qu’est-ce qui peut bien faire disparaître une cité entière ?
Le lecteur suit le quotidien des personnages dans la cité grouillante de vie. Le personnage d’Asral nous offre une réflexion sur l’interprétation des lois dictées par ceux qui gouvernent.
“Tout ce que décident les juges se fait au nom d’un Anouher qui n’a plus guère à voir avec le vrai. Dont la parole a été sanctifiée, mais en même temps trahie, détournée de sa lettre. Un Anouher dont la véritable nature a été occultée par une dévotion aveugle, et par l’escamotage de documents gênants.”
Dans ce livre, nous suivons les fouilles d’archéologues allemands sur le site de la cité de Sir. Les savants donnent du sens à ce qu’ils voient avec le prisme de leurs représentations, de leurs mentalités, et leur interprétation est bien sûr très loin de la réalité des habitants de Sir. Or, cette citée antique, autrefois sublime, semble avoir disparu d’un coup.
Le lecteur suit à la fois la quête de sens d’Asral qui tente de reconstituer le vrai message d’Anouher et les recherches des archéologues qui, eux aussi, ré-interprètent le passé.
Diane Meur nous interroge sur la pérennité des lois, des textes, leur falsification par les puissants, la quête de sens des savants, des érudits et des plus humbles dans une civilisation antique réinventée avec talent qui rappelle l’ambiance des contes d’Orient.
Les villes de la plaine.
Diane Meur – Editions Sabine Wespieser
Les œuvres de Ludwig Deutsch illustrent à merveille l’ambiance des contes d’Orient.