Opus Pokus

Une seule Rose…

L’histoire d’une emmerdeuse au bac à sable.

Réducteur, bien sûr…

Suite au décès d’un père qu’elle n’a pas connu, Rose débarque au Japon pour la première fois. Son père lui laisse une lettre, et l’idée lui semble assez improbable pour qu’elle entreprenne, à l’appel d’un notaire, ce voyage à l’autre bout du monde.

Muriel Barbery peint admirablement l’âme esseulée et orpheline, de Rose, une fleur qui manque d’eau et de fraîcheur. Une déambulation à travers Kyoto, ses temples zen et ses mornes quartiers d’immeubles vont lui faire découvrir, peu à peu, ses propres pétales et ses racines. Un père, marchand d’art, qu’elle n’a jamais connu.

Les contes sont là ! Au début de chaque chapitre, un conte très court nous emmène dans le passé mythologique du Japon et font écho au parcours de Rose. Un culture que Rose découvre, comme elle se découvre elle-même. Rose a un cœur de rose, des pétales fragiles, délicatement soyeux et légèrement fripés, peut-être enserrés dans ce corset invisible qu’est l’inaptitude au bonheur.

Délaissée par un père invisible, elle héritera malgré elle de ses doutes et de son amour distant, de l’amertume aussi. Les rencontres avec un poète alcoolique, une anglaise blessée, et bien sûr Paul, le jeune collaborateur belge du défunt père, vont bouleverser sa vie. C’est ce dernier qui est chargé de promener Rose de temple en temple, comme il emmènerait une fille trop gâtée au bac à sable. Ce n’est qu’au terme de ce parcours que Rose pourra lire la lettre que son père lui a laissée.

Rose est botaniste et découvre le Japon à travers ses jardins, ses temples, un art de vivre qu’elle ne comprend pas. Une botaniste qui redécouvre Rose, les jardins secrets du Japon, la magie du Prunier, la boucle est bouclée.

Le parcours initiatique empreint de spiritualité, à travers la mythologie du Japon, amène Muriel Barbery à décrire avec la pus grande délicatesse l’errance du cœur de Rose qui s’ouvre, petit à petit, à la vie. Rose est par moment exaspérante, maladroite et agressive (bref, une belle emmerdeuse comme le dit Paul) mais il ne faut pas la lâcher.

Citons…

« Le Japon est un pays où on souffre beaucoup mais où on n’y prend pas garde, dit l’Anglaise. Pour récompense de cette indifférence au malheur, on récolte ces jardins où les dieux viennent prendre le thé. »

On y retrouve la poésie de Issa :

« Nous marchons en ce monde

sur le toit de l’enfer

en regardant les fleurs »

Citons encore…

« …Issa, le poète magnifique, n’y allait (dans un Temple populaire) que lorsque les bois des arbres étaient encore noirs et nus, dépourvus des fleurs qui, plus tard, embaumeraient alentour. Dès l’apparition de la première corolle, il quittait le carré cependant que ses pairs venaient admirer le miracle des pétales jetés sur les branches hivernales. Quand, parfois, on s’inquiétait de ce goût qui le privait de la plus belle floraison de l’année, il riait et disait : J’ai attendu longtemps dans le dénuement, à présent la fleur de Prunier est en moi. »

Muriel Barbery
EAN : 9782330139223
160 pages
Éditeur : ACTES SUD (19/08/2020)

uneseulerose-couverture
uneseulerose-shisendo1
uneseulerose-shisendo2
uneseulerose-shinnyodo1
uneseulerose-ryoanji2
uneseulerose-ryoanji1
uneseulerose-ryoanji
uneseulerose-nanzenji2
uneseulerose-nanzenji3
uneseulerose-nanzenji1
uneseulerose-daitoku2
uneseulerose-daitoku2
uneseulerose-daitoku
{"visible_panels":"6","width":"1250","height":"600","orientation":"horizontal","panel_distance":"0","max_openedaccordion_size":"80%","open_panel_on":"click","shadow":"true","autoplay":"true","mouse_wheel":"true"}

Voici un aperçu des temples de Kyoto visités par Rose.