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Retour vers le futur proche  – 1984

1984 – George Orwell

1984 (titre en anglais Nineteen Eighty-Four) est le plus célèbre roman de George Orwell, publié en 1949. Trente ans après une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950, la Grande-Bretagne voit s’instaurer un régime de type totalitaire inspiré à la fois du stalinisme et du nazisme. La liberté d’expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you).
 
Dans ce conte philosophique sur le pire totalitarisme, parabole du despotisme moderne, Orwells’est clairement inspiré du nazisme, du fascisme et du stalinisme, avec le parti unique, son chef et le culte de la personnalité, la confusion des pouvoirs, des plans de production triennaux, un militarisme de patronage et sa propagande, des files d’attente devant les magasins, des camps de rééducation, des confessions publiques et des affiches géantes.
Et des slogans niant même le sens de la langue :
• « La guerre, c’est la paix. »
• « La liberté, c’est l’esclavage. »
• « L’ignorance, c’est la force. »
 
Big brother est l’un des personnages principaux de ce roman, le chef suprême du régime totalitaire. Un personnage invisible, mais qui sait tout grâce aux télécrans, un système de vidéosurveillance et de télévision, qui diffusent en permanence les messages du Parti.
Les télécrans permettent à la police de la Pensée d’entendre et de voir ce qui se fait dans chaque pièce de chaque maison, de chaque appartement.
À la suite du succès du roman, Big Brother est devenu une expression représentant l’État policier, et la perte des droits individuels de la population.
 
Orwell a lui-même précisé le sens de son message : « Faites en sorte que cela ne se produise pas. Cela dépend de vous. »

Merde, qu’est-ce qu’on a raté ?

Beaucoup de commentaires parlent de l’intérêt prophétique de l’œuvre d’Orwell. Si nous avons vu l’étalage de nos pensées, nos avis, nos likes, se multiplier sur nos télécrans de smartphones, nous n’avons pas vu la montée du Big Bad Brother pourtant annoncée par Boris Eltsine, il y a si longtemps.

Au moment où l’histoire bégaye, les Russes qui ne veulent pas la guerre prennent conscience d’une chose : dans trois mois, ils vivront comme en 1984. Et qui sait si dans six mois, ils revivront la terreur sous Staline, un retour en 1948. A Moscou, la peur et la paranoïa sont déjà présentes dans les regards, la tête, le ventre et le cœur.
Les Russes qui ne veulent pas la guerre vivent leur 11 septembre. Qu’ont-ils fait pour éviter cela ? Que pouvaient-ils faire pour éviter cela ? Ne leur jetons pas la pierre, nous avons notre lot d’erreurs. Nous sommes dans une nouvelle guerre d’informations.
« L’arme la plus puissante est la vérité », a dit Andreï Sakharov.
S’il est indispensable de soutenir les ukrainiens dans leur résistance, comment soutenir les Russes qui vivent comme Winston Smith, prisonnier de la propagande d’un régime totalitaire ?

Je vous invite à lire, ou relire 1984. Dans ces pages d’une autre époque, il y a le goût amer de ce que vivent aujourd’hui les Russes, enfin ceux qui n’ont pas le cerveau retourné par la propagande du Big Bad Brother.

Les inspirations de George Orwell :

George Orwell a indiqué que son roman 1984 s’inspirait d’un ouvrage de l’écrivain russe Evgueni Zamiatine intitulé Nous autres.
George Orwell s’est également inspiré de La Kallocaïne17, dystopie de la Suédoise Karin Boye, publié en 1940, qui pose le problème de la confiance, de la délation et de la trahison des proches dans un régime totalitaire.